• conte kabyle

    AZAL N TSAR « Le prix de la vengeance » conté par Lounès MATOUB
    mis en ligne le samedi 6 décembre 2003
    Ce récit est en réalité une chanson contenue dans l'album « RÉCITAL À L'OLYMPIA 1980 » de LOUNÈS MATOUB, sous forme d'un poème, les discussions le sont, aussi.
    Je me suis permis d'apporter quelques arrangements sur le texte original, en Kabyle, pour en faire un conte.

    Notre histoire commence au début de la fin de la Guerre de libération algérienne, entre 1960 et 1962. Les faits se déroulent dans un des nombreux villages de Kabylie, qui reste indéfinie pas l'auteur. L'essentiel des conversations de l'histoire se déroule en kabyle (1).
    La guerre est finie, le père n'est pas revenu. Il est monté au maquis à l'instar de nombreux autres de ses concitoyens. En réalité, il est mort, tué par un traître du même village que lui. Mais la mère, pour ne pas l'affliger, cache la vérité à son fils. Elle lui dit toujours que son père est un émigré qui, un jour ou l'autre, reviendra. Les années se succèdent et il n'est pas de retour.
    Le fils, devenu majeur, ne tardera pas à connaître la vérité. Un jour, lors d'une altercation avec des jeunes du village, il se fait insulter par un de ces derniers.
    - Si tu étais vraiment un homme, tu commencerais par prendre ta revanche sur l'homme qui a tué ton père. Lui dit-il.
    À partir de cet instant, le jeune homme comprends tout et cours rejoindre sa mère pour qu'il lui demande de lui dire la vérité.
    - Mère, dit-moi pourquoi tu m'as menti ? Mère, dit-moi pourquoi tu m'as menti ? Combien d'années se sont passées depuis l'indépendance et mon père n'est pas revenu ? Aujourd'hui, raconte-moi tout, je veux tout savoir, où s'est réfugié son meurtrier ?
    - Je suis très soulagé que tu ais appris la vérité mon fils, tes yeux ne verront jamais ton père, tu dois t'y faire et être stoïque mon fils, la guerre n'a épargné personne. Je t'ai élevé avec tant de difficultés, j'ai tout sacrifié et tant sué pour toi, j'étais obligé de m'enfuir pour échapper à l'armée française, j'ai sué pour t'élever.
    - Mais mère, je n'ai pas nié tes sacrifices je voudrai juste savoir la vérité, à la DJEMMAA (2) aujourd'hui, mon père a été insulté mon cœur est blessé, la vengeance doit être rendue pour que l'âme de mon père trouve enfin le repos pour toujours.
    - Nous ne voulons pas de vengeance, nous en avons marre de la souffrance, qu'est-ce qui va ma rester si tu pars. Tu ne vas pas me retrouver, je suis devenu vielle depuis le temps, je ne tarderai pas à mourir, pardonne à celui qui a rendu veuve et orphelin. Lui dit sa mère en larme.
    Mais le fils insiste pour savoir le nom de celui qui a assassiné son père, la mère, croyant qu'il s'arrêtera là, cède et lui dit le nom du meurtrier.
    Aussitôt su, le fils prépare sa valise, il part à la recherche du meurtrier de son père, mais avant de partir, il prend la précaution de passer par la DJEMMAA pour demander plus d'informations chez les vieux du village, ceux qui ont connu son père du temps de la guerre.
    Il traverse plusieurs villes, lors d'une de ses descentes dans une nouvelle ville (3), le destin met sur son chemin une jeune fille. Le coup de foudre lui fait tout oublié, même la vengeance. Il s'attarde dans sa dernière pérégrination, il décide de passer plus de temps auprès de cette fille qui lui plait tant. L'amour suspend le temps et efface les rancœurs. Il passe des jours entiers à fréquenter son premier amour. Cette dernière, voulant officialiser leur relation, décide de l'inviter chez-elle, pour qu'il fasse la connaissance de son père. Le jeune homme, très content de cette invitation, ne se fait pas prier pour accepter. Rendez-vous est pris pour un dimanche soir, pour un dîner familial à trois.
    Dès la matinée, la fille se met à préparer le dîner, elle voulait impressionner son amoureux et n'a laissé rien au hasard. Le soir venu, le jeune homme se présente au domicile familial, il est ponctuel comme à son habitude. Le père de la fille l'accueille chaleureusement, il lui demande de se comporter comme chez-lui, le met à l'aise. Ils passent dîner. Après le dîner, la jeune fille se lève pour débarrasser la table, le jeune homme lui propose de l'aider mais le père lui demande de la laisser faire, histoire de discuter en tête-à-tête avec lui.
    Le père de la jeune fille l'interroge sur les raisons de son voyage. Le garçon, confiant qu'il était, se livre et lui raconte son histoire. Il lui demande le nom du meurtrier de son père, histoire de s'informer un peu plus à ce sujet, c'est là que tout bascula. Je jeune homme prononce le nom du meurtrier de son père, il se trouve que c'est le nom du père de la jeune fille, il est stupéfait par cette annonce, le jeune home a prononcé son nom.
    La jeune fille a tout entendu de là où elle était, elle s'est mise à crier, le jeune homme, ne comprenant pas ce qui se passe regarde en direction de la fille, c'est à ce moment précis que le père pris un couteau sur la table, il s'avança pour tuer le jeune homme, c'est là que sa fille s'interpose entre les deux hommes, elle reçoit le couteau en plein cœur, elle tombe dans les bras de son bien-aimé, avant qu'elle ne rende l'âme, elle s'adresse au jeune homme et lui dit :
    Ne le tue pas, je t'en conjure. Laisse-le souffrir le restant de sa vie, il n'a de fille que moi, maintenant il n'a personne à ses côtés, la mort est sur ses traces, elle ne tardera pas à l'emporter (4).
    NOTES :
    (1) Dans certains passages, les discussions peuvent paraître incorrectes, ceci est fait dans le souci d'être fidèle au texte original en Kabyle.
    (2) DJEMMAA : Lieux où se rencontrent les villageois et où se rassemble l'assemblée du village, une sorte de place publique, tous les villages kabyles ont un ou plusieurs lieux appelés DJEMMAA.
    (3) L'auteur ne cite aucune ville en particulier, néanmoins, on peut deviner qu'il s'agit d'une ville française, l'auteur ne le précise pas mais c'est sous-entendu.
    (4) Ce récit, comme tous les autres récits, comporte certaines nuances qui ne peuvent être comprises que lorsqu'on l'écoute ou lise dans sa langue d'origine, ceci est l'une des difficultés de la traduction de ce genre d'œuvre.

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